Cet article propose d’étudier Mes quatre femmes (2007) de Gisèle Pineau dans ses relations avec l’(auto)biographie et la fiction. Malgré un pacte autobiographique explicite donnant nom et prénom de l’auteur, Mes quatre femmes se distingue sensiblement de la définition de l’autobiographie de Philippe Lejeune, surtout par le fait de ne pas placer l’auteur au centre du récit. Le portrait de l’écrivaine se fait en filigrane à travers les récits de quatre femmes importantes de sa famille. Dans sa recherche identitaire, Pineau se lance dans un projet où l’écriture de soi passe à travers l’écriture de l’autre et où le rôle de la fiction est primordial. Récit hybride, ce texte emprunte des éléments à la fiction, à la biographie et à l’autobiographie. L’objectif du présent article est de faire l’inventaire d’un certain nombre de stratégies appartenant à chacun des genres utilisées dans le récit ainsi que de discuter les frontières entre ces genres et les enjeux contenus dans le choix d’un genre hybride. Dans un premier temps, il s’agira de montrer comment Pineau utilise certaines stratégies fictionnelles pour peindre la vie de ces femmes. Puis nous verrons voir comment le récit se sert de la biographie et d’une perspective autobiographique fictive. Finalement seront étudiés les liens au genre autobiographique et la stratégie qui consiste à s’écrire à travers l’autre. L’étude se clôt sur une brève discussion autour des frontières génériques et les enjeux du genre hybride qui caractérise Mes quatre femmes.